© Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Equipement du soldat allemand, 1915-1916 (Salle 2 de l'Historial de la Grande Guerre). Tirant les enseignements des récents conflits, l’armée allemande a dès 1907-1910 remplacé le traditionnel uniforme d’infanterie bleu foncé à collets et parements rouge vif par une tunique à collet rabattu – dite feldgrau – un gris de campagne (une teinte gris vert en fait), qui conservait cependant des bordures de couleur. Ces parements disparurent lorsqu’en 1915 fut introduit un nouveau modèle d’uniforme, constitué d’une veste à boutons dissimulés simplement ornée de minces passepoils, ainsi que d’un pantalon de drap gris pierre. Le manteau exposé dans cette fosse reprend ces particularités. Les soldats étaient chaussés de bottes, particulièrement peu pratiques dans la boue des tranchées. Quant au bonnet d’infanterie, il reçoit un ruban permettant de dissimuler son bandeau rouge. A la ceinture sont portées deux cartouchières en cuir naturel : ce modèle à trois poches introduit en 1908 permettait de transporter les 120 cartouches de la dotation réglementaire. Une des évolutions majeures, intervenues sous l’effet direct de l’expérience de combat, concerne le casque à pointe — ici un modèle 1915 avec sa pointe démontable, fabriqué dans un alliage de cuivre et de zinc remplaçant le cuir bouilli traditionnel — fut remplacé à partir de février 1916 par un casque d’acier, qui permettait de diminuer la fréquence et la gravité des blessures crâniennes. Le fantassin était normalement armé d’un fusil à cinq coups, un Mauser modèle 98 (qui ne comporte pas de chargeur comme le modèle présent ici). Le havresac de toile imperméabilisée remplace le modèle en veau des débuts du conflit et permet le transport de l’équipement, des vivres, et des éléments de campement, notamment la toile de tente qui s’enroule autour du sac. En première ligne, il est souvent remplacé par un rudimentaire paquetage d’assaut formé par la gamelle entourée de la capote et de la toile de tente. Les grenades, dont différents modèles figurent ici (grenade à manche, grenade œufs), étaient généralement transportées dans des sacs à sable. Les soldats emportaient également les outils indispensables aux travaux de fortifications de campagne : les pelles (dont l’étui empêchait le cliquetis), la scie pliante, le pic-hache. Les papiers privés et l’accordéon diatonique suggèrent aussi que, dans l’univers d’extrême violence du front, subsistaient d’ultimes refuges de l’identité civile.