Encyclopedia of the Great War
You find here, the 6 books of illustrations about the 2012 reprint of the Encyclopedia of the Great War.
ISBN Numbers : 978-2-262-03126-8 (Coffret), 978-2-262-03108-4 (Tome 1), 978-2-262-03109-1 (Tome 2)
Encyclopedia of the Great War
Première partie : Le monde avant 1914 et l’éclatement de la guerre
Deuxième partie : Combattre
© Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Uniformes français, 1914 (Salle 2 de l'Historial de la Grande Guerre). Comparé à ceux des autres belligérants, l'équipement français du début de la guerre était un des plus inadaptés à la guerre moderne : il révèle en particulier une totale sous-estimation des effets nouveaux du feu. L'uniforme a peu changé depuis 1870, voire depuis 1829 en ce qui concerne le pantalon garance. Le reste du matériel date de la fin du XIXe siècle. L'obligation de se dissimuler est très mal prise en compte, en dépit de l'usage nouveau des couvre-casques et des couvre-képis adoptés en 1902 et modifiés en 1913. L'armée est alors aux deux tiers composée de fantassins : mais la présence de cuirassiers pour la rupture sur le champ de bataille, de clairons pour la charge, de sabres pour les officiers, le souci esthétique de l'uniforme de campagne, témoignent de la force du mythe de l'assaut héroïque. Cette forme de "culture" de la guerre n'allait céder le terrain que progressivement devant l'ampleur des pertes initiales et les nécessités nouvelles imposées par les tranchées.
© Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Equipement du soldat français, 1915-1916 (Salle 2 de l'Historial de la Grande Guerre). Le fameux uniforme français « bleu horizon », qui, avec le casque Adrian, équipa progressivement les armées françaises au cours de l’année 1915. Avec sa vaisselle individuelle, son linge, ses chaussures de rechange, ses outils, ses armes et ses quelques objets personnels, on perçoit combien le fantassin français était astreint à porter sa maison sur son dos : dans les marches, lors des montées en ligne, la charge était épuisante.
© Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Equipement du soldat allemand, 1915-1916 (Salle 2 de l'Historial de la Grande Guerre). Tirant les enseignements des récents conflits, l’armée allemande a dès 1907-1910 remplacé le traditionnel uniforme d’infanterie bleu foncé à collets et parements rouge vif par une tunique à collet rabattu – dite feldgrau – un gris de campagne (une teinte gris vert en fait), qui conservait cependant des bordures de couleur. Ces parements disparurent lorsqu’en 1915 fut introduit un nouveau modèle d’uniforme, constitué d’une veste à boutons dissimulés simplement ornée de minces passepoils, ainsi que d’un pantalon de drap gris pierre. Le manteau exposé dans cette fosse reprend ces particularités. Les soldats étaient chaussés de bottes, particulièrement peu pratiques dans la boue des tranchées. Quant au bonnet d’infanterie, il reçoit un ruban permettant de dissimuler son bandeau rouge. A la ceinture sont portées deux cartouchières en cuir naturel : ce modèle à trois poches introduit en 1908 permettait de transporter les 120 cartouches de la dotation réglementaire. Une des évolutions majeures, intervenues sous l’effet direct de l’expérience de combat, concerne le casque à pointe — ici un modèle 1915 avec sa pointe démontable, fabriqué dans un alliage de cuivre et de zinc remplaçant le cuir bouilli traditionnel — fut remplacé à partir de février 1916 par un casque d’acier, qui permettait de diminuer la fréquence et la gravité des blessures crâniennes. Le fantassin était normalement armé d’un fusil à cinq coups, un Mauser modèle 98 (qui ne comporte pas de chargeur comme le modèle présent ici). Le havresac de toile imperméabilisée remplace le modèle en veau des débuts du conflit et permet le transport de l’équipement, des vivres, et des éléments de campement, notamment la toile de tente qui s’enroule autour du sac. En première ligne, il est souvent remplacé par un rudimentaire paquetage d’assaut formé par la gamelle entourée de la capote et de la toile de tente. Les grenades, dont différents modèles figurent ici (grenade à manche, grenade œufs), étaient généralement transportées dans des sacs à sable. Les soldats emportaient également les outils indispensables aux travaux de fortifications de campagne : les pelles (dont l’étui empêchait le cliquetis), la scie pliante, le pic-hache. Les papiers privés et l’accordéon diatonique suggèrent aussi que, dans l’univers d’extrême violence du front, subsistaient d’ultimes refuges de l’identité civile.
© N° inv. : 12 ART 13.1. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Effigie anti-allemande. Un groin de porc, surmonté d’un casque à pointe miniature, monté sur un casque français « Adrian ». L’usage exact de cet objet de tranchée, destiné à ridiculiser l’ennemi, reste inconnu. Pour autant, l’assimilation de l’Allemand au porc est courante, en France, pendant la Grande Guerre : elle exprime une animalisation de l’ennemi caractéristique de la culture de guerre à la française.
Troisième partie : Conduire la guerre
© N° inv. : 2 AFF 7.3. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Affiches anglaises de recrutement, « It’s our flag… » et « Enlist to-day ». Le Royaume –Uni ne disposant que d’une armée de métier au début du conflit, Lord Kitchener, nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Asquith dès le 3 août, et persuadé que la guerre serait longue et coûteuse en hommes, mit immédiatement sur pied une armée de masse composée de volontaires. Celle-ci permit de recruter un million d’hommes dès l’année 1914, et près d’un million et demi en 1915, avant que le passage à la conscription ne devienne inévitable en janvier 1916. L’affiche aux couleurs de l’Union Jack se contente de rappeler des exigences patriotiques d’ordre général : un appel au combat (Fight for it) se double d’un appel au travail (Work for it) adressé à ceux qui ne combattent pas. En revanche, l’image de ce soldat souriant, « heureux et satisfait », joue sur le ressort de la culpabilité de ceux qui restent à l’abri quand d’autres acceptent de risquer leur vie. Ce type d’affiches, d’origine parlementaire et destiné à appuyer la campagne de recrutement des volontaires, utilisait toutes les ressources de la publicité moderne de l’époque. Pour autant, la recherche récente a montré que cette dimension publicitaire fut nuisible, précisément, à l’efficacité de la campagne : cette forme de « vente » de l’enrôlement volontaire ne discréditait-il pas un geste patriotique de haute portée morale ? Rapidement, la propagande dut revenir à des formes plus classiques et plus discrètes pour encourager à l’enrôlement.
© N° inv. : 17 AVE 14.3 et 18 DEC 1.2. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Foulard aux hymnes nationaux alliés et Broderie des quatre chefs d’Etat des Puissances centrales. Foulard britannique aux couleurs des Alliés britannique, français, russe et belge, avec les quatre hymnes nationaux : les patries et leurs symboles se portent sur les vêtements, et donc sur le corps, désormais. Un camp adverse où le patriotisme s’incarne bien davantage en la personne des chefs d’Etat (ici allemand, austro-hongrois, bulgare et turc), tous placés sous la protection d’une Vierge à l’enfant sur cette broderie d’origine catholique réalisée au milieu de la guerre.
© N° inv. : 3 AFF 34.2. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Affiche allemande Fritz Erler. Une icône : le soldat au casque d’acier. Affiche pour le 6e emprunt de guerre allemand (1917). Jusqu’en 1917, la propagande allemande pour les emprunts de guerre écarte toute recherche iconographique et typographique, jugées indignes des proclamations officielles. Mais les résultats du 4e emprunt ayant été médiocres, les autorités renoncent à leurs préventions. L’affiche de Lucian Bernhard pour le 5e emprunt utilise donc avec succès un texte au graphisme simple et efficace, inspiré des techniques de la publicité. Sous le titre « Aidez-nous à gagner ! Souscrivez aux emprunts de guerre », le portrait de soldat peint par Fritz Erler (1868-1940) constitue une césure véritable: l’image, employée pour la première fois et diffusée sous forme d’affiches et de cartes postales, assure le succès financier de l’opération (13,1 milliards de marks, un record) et, surtout, elle s’impose comme un archétype iconographique, pendant et après le conflit. La gamme chromatique à dominante grise et verdâtre, les attributs du guerrier de l’ère industrielle (le casque d’acier, le mas à gaz et les cisailles), le décor limité à un fil barbelé emblématique, suggèrent un réalisme conforme à la nouvelle esthétique du combat, transcendée cependant, sur le visage hiératique du soldat, par le regard tourné vers l’horizon. Horizon de la victoire ? De la mort ? C’est peut-être dans cette ambiguïté que réside la fascination durable exercée par l’image du combattant au casque d’acier, devenu le symbole de ces hommes nouveaux forgés au creuset des grandes batailles de matériel.
© N° inv. : 20 FI 1. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Aigle à clous d’une école allemande. Aigle en clous « Notre avenir est sur l’eau ». Depuis le début du conflit, s’est diffusée en Allemagne la pratique de planter sur des tableaux ou des statues de bois des clous correspondants à un don pour l’effort de guerre ou destinés à une des nombreuses organisations caritatives. A Berlin, il était ainsi possible d’orner le manteau de la statue monumentale de l’Hindenburg érigée sur la Königsplatz : des clous d’acier, d’argent et d’or étaient en vente à cet usage. Dans d’autres villes, des Roland héroïques furent érigés selon le même principe. Instrument de la mobilisation spontanée des civils, d’autres objets de ce type prennent souvent une forme plus modeste. Sur ce panneau scolaire mural, haut de 83 cm et large de 58 cm, les élèves ont réalisé une aigle noire, symbole national de l’Empire allemand. Sur un fond bleu est inscrite la grande devise de la politique mondiale – « notre avenir est sur l’eau » – une phrase prononcée par Guillaume II en 1898 lors de l’inauguration du port de Stettin. Fabriqué en 1917, et alors que la guerre sous-marine à outrance a repris dès le 1er février, un tel objet témoigne du soutien populaire qui entoure cette décision et atteste la puissance mobilisatrice du discours sur les droits de l’Allemagne à obtenir sa « place au soleil » (von Bülow).
Encyclopedia of the Great War – Tome 2
Quatrième partie : Fronts intérieurs et culture de guerre
© Lithographie et aquarelle. N° inv. : 4 FI 338 et 11 FI 185. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Auguste Lepère, « Les femmes de France » - Anonyme. « Mobilisé » par le Ministère de l’Information et associé à l’effort de guerre des artistes évoquent ici la moisson et la fabrication d'obus : travaux dévolus aux femmes pendant la Grande Guerre. Deux regards pour lire la situation nouvelle faite aux femmes.
© N° inv. : 5 DEC 17.1.Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Médaille d’infirmière française. Dans le cadre tapissé de velours, un portrait de jeune femme, une médaille commémorative de l’Association des Dames françaises, et la date de 1914-1918 : une vie de femme mobilisée pendant la guerre, une expérience de guerre féminine, puisque les femmes ne sont pas autorisées à combattre, ce que certaines, parmi les infirmières précisément, ont dit regretter. La barrière du genre s’impose ici dans son extrême rigueur, mais la jeune fille s’est offert un tableau d’honneur en tous points comparable à ceux qu’ont composés tant de soldats survivants.
© N° inv. : 13 ART 1.3. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Boîte à lettres britannique. Cette boîte à lettre anglaise, particulièrement rudimentaire, représente bien plus qu'elle-même : elle est le symbole du lien vital, et parfois quotidien, de millions d'hommes avec ceux qu'ils se sentaient chargés de défendre, avec les "leurs" laissés à l'arrière. En période calme, les soldats peuvent écrire une lettre par personne et par jour, et parfois davantage : en France, plusieurs milliards de lettres furent expédiées pour l'ensemble de la guerre. L'alphabétisation, pratiquement complète en Europe occidentale à la veille du conflit, a donné à la quasi-totalité des soldats, et pour la première fois dans l'histoire, la possibilité d'écrire : ils ont pu ainsi entretenir une conversation continue avec ceux qu'ils avaient quittés. Toute interruption du courrier était d'ailleurs perçue comme insupportable. Les lettres donnent également des nouvelles de ceux qui sont du même lieu d’origine, leur contenu a vocation à être diffusé au-delà du cercle familial. Elles sont aussi un moyen de contrôle masculin : les hommes dirigent à distance leur exploitation, leur commerce ; ils conseillent leur femme et donnent des ordres, ils réprimandent et encouragent leurs enfants. En une sorte de « contre-propagande » diffuse, ils évoquent surtout leur quotidien le plus immédiat (ce qui ne veut pas dire qu'ils puissent tout dire, ou même qu'ils sachent ou osent le dire). Quant à la guerre en général, et aux raisons de combattre, elles sont peu évoquées : elles n'en sont pas moins discrètement présentes et, à ce titre, leurs lettres disent ce que ces millions d'hommes ont, dans leur masse et dans l'instant, pensé.
© N° inv. : 30 JOJ 60.1 et 61.1. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Uniforme d’enfant. En France, le mythe de l’enfant-combattant, voire de l’enfant-héros, a joué un grand rôle dans le discours adulte à l’égard de l’enfance. Il trouve ici une illustration plus intime à travers cet uniforme bleu horizon taillé pour un enfant très jeune. Le cadeau d’un père à son fils ?
Cinquième partie : A la marge de la guerre
© Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Photographies d'otages. La prise d'otages est un système déjà mis en œuvre en 1870 et qui permet de prévenir tout acte de résistance, ou bien de se créer une monnaie d’échange dans un constant marchandage avec l’ennemi. De telles scènes se sont déroulées dans l’ensemble des départements occupés, par exemple à Hendecourt (Pas-de-Calais), Combres (Meuse) ou Amiens (Somme), où 1500 habitants ont été capturés en 1914. Ces photographies montrent que toutes les catégories de la population furent concernées par ces enlèvements. Les otages étaient habituellement astreints à effectuer d’abord à pied un trajet plus ou moins long, durant lequel ils étaient escortés par des soldats allemands à cheval, puis devaient monter dans des trains, généralement formés de wagons à bestiaux, qui les emmenaient soit vers des localités éloignées en France, soit en Allemagne, où ils étaient détenus dans des camps de prisonniers civils, comme Rastadt.
© N° inv. : 35 AFF 50.2 et 31 AFF 1.2.Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Deux affiches allemandes d’occupation. Parmi les multiples impositions que doivent payer les habitants des territoires occupés est instaurée, au milieu de 1915, une taxe sur les chiens. Le « Mémoire de la commission d’Empire des dommages de guerre causés en France et à réparer par l’État allemand », établi au début de 1919 avant les négociations de paix en France, la présente comme une simple mesure de police. Le tarif était différent suivant l’importance des localités et l’utilité des chiens : les chiens de luxe étant plus taxés que les chiens de berger et de garde ; les chiens employés faute de chevaux comme bête de trait étaient également taxés différemment, comme le montre cette décision prise le 6 août 1915 par la « commandanture d’étape d’Avesnes ». Tout chien devait porter une plaque de contrôle délivrée par l’autorité allemande. La taxe sur les chiens rapporta peu, beaucoup de Français préférant sacrifier leur animal plutôt que de fournir ainsi des subsides aux Allemands. À Avesnes, la taxe rapporta 4020 francs pour la ville pour les six mois de 1915. Cette affiche bilingue reproduit un décret du 1er janvier 1917, pris par l’inspecteur de l’étape et relatif aux pommes de terre de semence. À côté de chaque général d’armée était placé un inspecteur des étapes, ayant rang de général, chargé d’assurer la liaison entre l’intérieur et les troupes combattantes, de loger, transporter et ravitailler les troupes et d’administrer le territoire occupé, tâche jugée d’abord accessoire mais qui gagna progressivement de l’importance. Le texte montre le soin mis par les autorités militaires allemandes à assurer la bonne marche des cultures, dans un contexte alimentaire difficile, et la minutieuse surveillance à laquelle sont soumis les agriculteurs de la France occupée. L’article 3 révèle l’importance des relations entre l’occupant allemand et les maires. Alors que les autorités de l’État français avaient disparu ou étaient réduites à l’impuissance, ce sont les municipalités, souvent improvisées, qui recevaient les ordres des Allemands et devaient les exécuter, sans avoir à en référer au préfet et au sous-préfet. Les amendes, telles qu’elles sont définies à l’article 4, apparaissent à la fois comme un moyen de punir les délinquants et de se procurer de l’argent.
© N° inv. : 1 VAD 63.2. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Assiette Rotes Kreuz, 1914. Dès les années 1860, sous l’impulsion initiale d’Henri Dunant, la Croix Rouge naissante avait étendu sa protection sur les blessés et les prisonniers, rendus neutres, en quelque sorte, par l’incapacité de se battre. Dans des circonstances épouvantables, infirmiers du front et infirmières de l’arrière (ici confondus puisque l’infirmière opère symboliquement à l’avant), ont tenté de mettre en œuvre les conventions internationales. Mais les croix rouges nationales (allemande ici) à l’œuvre chez les différents belligérants ont participé à la guerre selon des normes soumises elles-aussi à des exigences très nationales. Seul le CICR (Comité International de la Croix-Rouge), à Genève, a tenté de rester « au-dessus de la mêlée ».
© N° inv. : 24 ART 17.12. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Artisanat de prisonnier de guerre turc (1916). Dans les camps de prisonniers, l’ennui, le cafard, menant parfois à la « psychose du barbelé » (selon la terminologie médicale française), guettaient les détenus. Aussi beaucoup se livrent à des activités manuelles ou intellectuelles. Celles-ci peuvent exiger une extrême minutie, très dévoreuse de temps : c’est le cas ici et c’est précisément le but recherché. Mais pourquoi ce serpent de perles en train d’avaler sa proie ? Une métaphore de la guerre ?
Sixième partie : La liquidation de la guerre
© N° inv. : 4 UNF 60.2. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Calot révolutionnaire. L’uniforme des soldats et des sous-officiers de l’infanterie allemande comportait un bonnet sans visière avec un passepoil et un bandeau rouge. Afin de masquer ces éléments, un cache bandeau fut adopté pendant le conflit. Depuis 1897, deux cocardes sont cousues sur le devant de la coiffe : l’une aux couleurs de l’Etat confédéré et l’autre, sur la partie supérieure, aux couleurs de l’Empire. Sur cet objet de la période révolutionnaire, celle-ci est masquée par un morceau de drap de couleur rouge. Pendant la Grande Guerre, les couleurs impériales noir blanc rouge, adoptée dans la constitution de la confédération de l’Allemagne du Nord du 25 juin 1867 puis sous l’Empire, s’étaient définitivement imposées comme couleurs nationales et populaires. Les révolutions de 1918, l’abdication de Guillaume II et la chute de l’Empire ouvrirent un véhément conflit sur la question du drapeau. La minorité communiste revendiquait le rouge. Mais le conflit opposait surtout les tenants des couleurs démocratiques, le noir rouge or de 1848, à ceux qui exigeaient le maintien des anciennes couleurs. Un compromis, caractéristique des divisions qui minaient la jeune république, fut finalement trouvé : le drapeau national fut noir rouge or mais le pavillon conserva les couleurs jadis imposées par Bismarck. De nombreux affrontement de rue eurent pour enjeux et pour objets ces drapeaux aux couleurs concurrentes.
© N° inv. : 15 FI 716. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Broderie anglo-américaine "Victory". L'alliance victorieuse de la France et des Etats-Unis, sur une carte postale brodée à la main : un objet de luxe, dans sa modestie apparente. Un objet plus loquace qu'il n'y parait : le mot "Victory" surmonté des drapeaux croisés des deux alliés était si riche d'espoir en 1918.
© N° inv. : 24 ART 10.1. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Broderie prisonnier français : « le retour au foyer ». Le même brodeur du camp de Mumsdorf (voir Cinquième partie) a, cette fois en 1918, imaginé « le retour au foyer » de « l’exilé », c’est-à-dire de lui-même. Retour idéalisé : la maison rurale, l’épouse qui se précipite, la fillette en bas âge, jamais revue depuis quatre ans, et qui, pourtant, reconnaît son père et se jette à sa rencontre. Idéalisation naïve d’un retour imaginé qui contraste avec tant de « retours véritables» , infiniment plus difficiles.
© N° inv. : 14 MED 12.3. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Drapeau anglais « Welcome Home ». Drapeau de bienvenue pour les soldats britanniques, démobilisés non par classe et à l’ancienneté (comme en France), mais selon les métiers et en fonction des impératifs de la remise en marche du pays. Certes, les deux mots si simples parviennent à dire aux soldats démobilisés qu’on ne les a pas oubliés à l’arrière, et qu’ils y retrouveront leur place. Mais ils échouent à exprimer ce que ces derniers attendent le plus : la reconnaissance du « Home Front ».
Septième partie : L’empreinte de la Grande Guerre
© N° inv. : 12 ART 6.3. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Casque anglais peint, « Péronne ». Un casque-souvenir britannique, peint probablement par son propriétaire et représentant la place de la Mairie de Péronne, en ruines, sans doute lors de la reprise de la ville par les Australiens lors de la contre-offensive alliée, début septembre 1918. Souvenir d’une victoire locale dans la victoire générale ? C’est ce que semble suggérer la couronne de lauriers en pourtour… Les casques-trophées ont été nombreux pendant la guerre : casques de l’ennemi ramenés du combat, casques de ses propres combats, ramenés à l’arrière et décorés. Pour témoigner d’une présence personnelle – magnifiée, ici – dans l’immense expérience collective ?
© N° inv. : 3 ART 4.1. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Pendule commémorative. Cette pendule commémorative française a été réalisée grâce à quatre douilles d’obus de 75mm et d’un grand nombre de balles de fusil Lebel. Objet insensé, presque obscène dans son impudence à s’approprier les instruments de la mort de masse, détournés pour les besoins d’un « chef d’œuvre » de l’artisanat d’art. Objet complexe pourtant, puisque la pendule, elle aussi, peut suggérer la mort. Mais la mort « normale ». Dès lors, cette pendule voudrait-elle exorciser l’atroce anomie de la mort au front, entre 1914 et 1918 ?
© N° inv. : 10 MMS 4.2. Coll. Historial de la Grande Guerre - Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun - Bras articulé. La plupart des invalides de la Grande Guerre avaient été blessés aux membres, tout simplement parce que les blessures au thorax et à la tête laissaient très peu de chance de survie et avaient provoqué le plus souvent une mort immédiate sur le champ de bataille. D’où le très grand nombre d’amputés ayant besoin d’une prothèse après le conflit. Ici, un bras articulé de la marque Cauet. La main métallique est articulée, les doigts sont recouverts de liège, pour faciliter l’adhésion. Les bretelles passant autour des bras et destinées à être écartées par le jeu des omoplates permettaient de transmettre par câbles le mouvement à la main articulée. Un grand nombre de films de l’époque tentèrent de mettre en valeur la parfaite efficacité de ce type de prothèse dans le cadre d’un hypothétique retour à une vie professionnelle manuelle.