Guides Michelin des champs de bataille
Tourisme ou pèlerinage ? Comment comprendre les visites aux champs de bataille que cette série de guides publiés par Michelin pendant les années 1920 avait pour but d’encourager de d’expliquer ? Fascination morbide, curiosité légitime, ou souvenir fidèle aux morts ? Tout cela, sans doute, et même plus.
À partir de 1919, des voyages sont organisés aux hauts lieux sacrés du front. Mais tout est toujours en désordre : les champs de combat étant dangereux, les cimetières et les monuments n’ayant pas encore transformé les lieux de destruction en paisibles jardins du souvenir.
C’est à partir de la deuxième moitié des années 1920 que les visites prennent leur essor. Les familles françaises qui ont renoncé au rapatriement du corps de leur soldat tombé à la guerre ont droit à une visite gratuite annuelle.
Dans une Allemagne stabilisée, qui connaît une courte prospérité économique, on peut enfin songer à visiter l’ancien front (la traduction du guide Michelin en allemand date de 1929).
Pour les Britanniques, Australiens, et autres qui n‘ont pas eu la possibilité de rapatrier les morts – et qui n’ont su les lieux de leur disparition que par des noms exotiques – on peut enfin chercher par la visite une clôture du deuil. Et puis, il y a toujours la fascination de cette guerre qui pour l’instant reste unique…
Collections Historial de la Grande Guerre