Porte sculptée
Description : Cette porte sculptée est un objet exceptionnel tant par son iconographie que par le témoignage original qu’elle véhicule. L’histoire orale rapporte qu’elle aurait été réalisée à Reims et remise à titre de paiement vers 1920 à un artisan tapissier de cette ville.
Dans un style naïf, les quinze scènes en bas-relief relatent les traumatismes d’une famille, depuis la mobilisation du père et sa blessure dans les tranchées, jusqu’à la mort de sa femme et de son fils par bombardement, décès qui précédent le sien.
Les thèmes retracent de manière dramatique la perception de la guerre : le déchirement du départ ; le couple ; le fils ; la blessure ; les permissions ; la guerre moderne aérienne avec ballon captif et avion ; les destructions matérielles de l’arrière-front : le chien de la Croix-Rouge et les ânes des tranchées ; l’omniprésence de la mort.
Si certaines scènes s’inspirent visiblement de représentations de l’époque, le déroulement de l’histoire frappe par sa complexité et reflète certainement l’expérience vécue. Le panneau 15 illustrant l’aspect interminable de la guerre des tranchées déjoue les interprétations patriotiques et pacifiques attendues.
Les éléments décoratifs et fonctionnels réalisés avec une fusée d’obus et d’autres composants d’obus, renforcent l’aspect mémoriel : la poignée de la porte oblige à « prendre » la guerre à pleine main.
Ainsi, cette histoire en images croise le front et l’arrière, le deuil intime et familial et qui rappelle les destructions des régions proches de la ligne de front. Il s’agit d’un artisanat du souvenir, qui a permis à un anonyme d’exprimer son odyssée de la guerre de façon pérenne.