Les affiches d’emprunts françaises de 1919 et 1920
La fin des combats ne met pas un terme aux emprunts nationaux que la France avait lancés en 1915, 1916, 1917 et 1918 pour financer la guerre. Ces emprunts dits « non remboursables » constituaient une sorte de rente au taux avantageux de 5%. Ils s’ajoutaient à des Bons de la défense à moyen terme, au versement volontaire de son or et à l’impôt sur le revenu, qui permirent à l’État français de faire face aux dépenses militaires, en plus des emprunts faits au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Après l’emprunt de la libération de fin 1918, le 5ème emprunt de 1919 ne fait pas l’objet de nombreuses éditions d’affiches. Une certaine lassitude et la notion d’une paix trop chèrement acquise le justifient sans doute. L’appel à la générosité se fait avec la journée des régions libérées en faveur de la reconstruction des départements de la zone dévastée. L’intérêt personnel du souscripteur et l’intérêt national doivent être stimulés par des slogans et des représentations incitatives pour que chacun œuvre pour le bien du pays.
L’emprunt national de 1920 (le 6ème) bénéficie d’une forte publicité à travers de nombreuses affiches où le thème des régions dévastées est dominant. Dans cette iconographie, les ruines sont très présentes alors que la reconstruction avance. La France est alors incapable de se projeter dans la paix : elle persiste dans un esprit de mobilisation contre l’Allemagne qui, selon le Traité de Versailles, doit avant tout « réparer », c’est-à-dire payer 20 milliards de marks-or.
![Georges SCOTT (1919). Ce drapeau de régiment, très endommagé, décoré de la Légion d’honneur doit rappeler les combats héroïques qui ont contribué à la paix. Il ne s’agit plus d’un emprunt de la libération, spécifique à 1918 et pas encore d’un emprunt pour la reconstruction. Côte 1 AFF 8_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/001_1-AFF-8_1.jpg)
![SEM (1920). Le célèbre caricaturiste met en valeur, derrière un premier plan de ruines sinistres, la silhouette rayonnante de la paix tenant un rameau d’olivier. Elle symbolise aussi la liberté retrouvée des régions libérées après l’occupation allemande. Côte 1 AFF 19_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/002_1-AFF-19_1.jpg)
![Anonyme (1920). L’allégorie de la France, Marianne, plante un rameau de la paix : sa fragilité est compensée par une baïonnette plantée dans le sol. Malgré le rayonnement de la paix, la guerre semble encore présente, alors que le traité de Versailles a été signé le 28 juin 1919. Côte 1 AFF 22_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/003_1-AFF-22_1.jpg)
![Maurice TOUSSAINT (1920). Les soldats français sont démobilisés au cours de l’année 1919. Le retour au pays se fait en civil, mais pour inciter à verser de l’argent pour cet emprunt, le rappel de l’uniforme de celui qui a combattu est mobilisateur. Côte 1 AFF 23_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/004_1-AFF-23_1.jpg)
![Henri VILAIN (1920). De toutes les colonies, l’Algérie fut pour la France, avec l’Afrique Occidentale française, la plus grande pourvoyeuse en ressources économiques et humaines : 172 019 hommes, appelés et engagés algériens, en plus des travailleurs pour les usines et la défense nationale. À travers cette affiche, la contribution en ressources matérielles est représentée de façon minimaliste et exotique. Côte 1 AFF 30_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/005_1-AFF-30_1.jpg)
![Fernand COMBES (1920). Cette affiche du 2ème emprunt est l’une des rares à projeter une image positive de la reconstruction avec cette vue projetée de la cathédrale de Noyon sur la partie supérieure. Pourtant encore en ruines en 1920, elle sera en chantier jusqu’en 1938. Côte 1 AFF 37_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/006_1-AFF-37_1.jpg)
![René LELONG (1920). Marianne forge à grands coups de marteau un soc de charrue : la reconstruction est ici montrée de façon idéaliste mais active, tant pour le domaine rural qu’industriel. C’est pour l’enfant qui apprend à lire que la reconstitution des régions dévastées, créée en 1917, aide les familles dont les foyers ont été partiellement ou complétement détruits. Côte 1 AFF 39_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/007_1-AFF-39_1.jpg)
![Lucien JONAS (1920). La vision idyllique de la reconstruction est ici révélée avec simplicité : la maison neuve est achetée grâce aux soldats américains et britanniques. En contraste avec les ruines encore présentes à l’arrière-plan, le message rappelle qu’en mai 1920, sur les 600 000 maisons détruites, 2 000 ont été reconstruites et 182 000 réparées. Côte 1 AFF 62_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/008_1-AFF-62_1.jpg)
![P. RIN (1920). Par son attitude et sa carrure, cet athlète tente d’empêcher le Nord de la France de tomber en ruines : l’appel aux dons pour la reconstruction est explicite. Côte 1 AFF 70_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/009_1-AFF-70_1.jpg)
![Anonyme (1920). Le bassin minier du Nord a été endommagé par la guerre : le constat de cette dévastation est apparenté avec ce chevalement de mine qui élude la reconstruction. En France, la représentation mentale d’un pays en ruines domine dans l’iconographie des affiches d’emprunt de l’après-guerre. Côte 1 AFF 71_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/010_1-AFF-71_1.jpg)
![Francisque POULBOT (1920). En évidence devant un paysage de ruine, Marianne est représentée par le célèbre illustrateur Poulbot avec cette fillette arborant les couleurs nationales. Sa robe déchirée, symbole des séquelles de la guerre, ne doit pas l’empêcher de se consacrer à la reconstruction. Côte 1 AFF 77_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/011_1-AFF-77_1.jpg)
![Firmin BOUISSET (1919). Cette allégorie brandissant les drapeaux britannique et français incite à souscrire auprès de cette banque, au nom de l’union entre les deux pays qui a permis la victoire. Côte 1 AFF 114_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/012_1-AFF-114_1.jpg)
![Constant Léon DUVAL (1920). La désolation des paysages dévastés des dix départements touchés par la guerre marque durablement les esprits. Le sentiment que la reconstruction tarde révèle que la culture de guerre persiste. Les Français attendent d’être sûrs que l’Allemagne paiera les dommages de guerre. Côte 1 AFF 117_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/013_1-AFF-117_1.jpg)
![Anonyme (1919). La banque nationale de crédit incite aux dons pour la création d’un foyer des campagnes (cinéma, bibliothèque). Son architecture moderne est représentative du style employé pour la reconstruction des régions dévastées. Côte 1 AFF 121_1](https://www.historial.fr/wp-content/uploads/2024/01/014_1-AFF-121_1.jpg)