Les podcasts des médiateurs

Série : Histoires et anecdotes

Épisode 2

Par Manon

Par Manon

Le 2 août 1914, une guerre « courte et victorieuse » est déclenchée. Cependant, assez rapidement, le conflit s’enlise et des millions de soldats passent leur premier noël dans les tranchées. 

Ainsi, nous pouvons nous questionner sur la manière dont les soldats et les armées ont vécus et gérer ce moment si particulier de l’année. D’ailleurs, des films comme « Joyeux noël » de 2005, nous offrent une vision romancée de ce qui sera appelé la « trêve » de l’hiver 1914 entre Français, Britanniques et Allemands.

Mais qu’en était-il vraiment ? Installez-vous confortablement, il est temps de débunker un autre mythe historique.  

S’il est vrai que cette guerre totale mobilise toutes les sociétés, femmes et enfants compris, les civils vont s’organiser pour apporter du réconfort aux soldats loin de chez eux, en se serrant davantage encore la ceinture afin de pouvoir envoyer des colis gourmands aux combattants sur le front.

Du côté britannique, la royauté se mobilise également et envoie à chaque marin et soldat une boîte en laiton contenant un nécessaire de correspondances, et quelques douceurs pour le moral. Le Kaiser Guillaume II envoie, quant à lui, des cigarettes à ses soldats, et des pipes pour les officiers. Dans les hôpitaux également, le personnel médical organise repas et spectacles afin de distraire les premiers blessés de guerre. 

Sur le front également, Noël est perçu comme un moment particulier. C’est dans la Somme, à l’aube du 25 décembre 1914, que le mythe prend racine.

Un petit groupe de soldats Allemands sort prudemment des tranchées, armé simplement d’une chandelle, ou encore d’un petit sapin de noël voir même parfois, faisant de simples gestes amicaux. Ennemis la veille, les soldats fatigués décident d’une trêve et s’échangent joyeusement chocolat et cigarettes le temps d’une soirée, et reprennent les hostilités le lendemain. Certains récits indiquent même que soldats Allemands et Français seraient descendus dans les tranchées de l’un et l’autre pour partager un moment de convivialité, entonnant des chants, et partageant leurs colis alimentaires.

Dans la réalité, dans le secteur de Fricourt, des JMO (journées de marche et d’opérations), nous racontent une tout autre histoire :  des soldats Français acceptent les présents allemands, mais en profitent pour garder 3 prisonniers au passage ! Tandis qu’ailleurs sur le front, du côté de Reims, un autre JMO indique que ce sont des Français qui ont partagé leurs cigarettes avec des Allemands.  

De cette manière, s’il est avéré que les soldats fêtèrent noël dans les tranchées, la manière de célébrer est quant à elle bien différente selon les régiments.  

Chacun entonne des cantiques de son pays, les Allemands décorent leurs tranchées de Tannenbäume, sapins de noël typiques du folklore germanique et coutume que les soldats apportent avec eux en France.  

Quelques cas isolés de trêves spontanées ont pu avoir lieu et sont confirmés par des traces archéologiques sur les anciens champs de bataille

On peut également évoquer une fraternisation assez particulière, entre Allemands et Britanniques qui disputèrent des matchs de ballon rond. Le match se déroula à Warneton, du côté de la frontière Belge, au soir du 24 décembre à l’initiative des Allemands. Le score final du match reste cependant inconnu ! 

Néanmoins, il ne s’agit pas d’un réel élan commun relevant de la magie de Noël. L’état-major voyait d’ailleurs d’un mauvais œil ces fraternisations, et va jusqu’à les réprimer. Par ailleurs, au sein d’une même unité, tous les soldats ne voient pas les choses de la même façon, certains gardent en mémoire les morts et les blessés d’une précédente offensive, d’autres cherchent des repères réconfortants de leur vie civile à cette période de l’année.  

De manière générale, il semble que cette fameuse « trêve de noël 1914 » ne soit le fruit que de quelques évènements marginaux, tirés en épingle pour la belle histoire.

Quoi qu’il en soit, nous espérons que ce court podcast vous apportera quelques éclairages sur ce moment particulier.

L’équipe de médiation guidage de l’Historial vous souhaite de très belles fêtes. Nous nous retrouverons l’année prochaine, pour davantage d’audios !